Les idées clés
Lorsque les règles tardent à venir, on peut légitimement se demander : « est-ce que je ne serais pas enceinte ? » et faire un test de grossesse pour lever le doute. Sauf qu’il arrive assez souvent que nos règles soient en retard alors que le test est négatif !
Dans ce cas, comment expliquer un retard de règles ? Quelles sont les causes d’un retard de règles, voire, carrément, d’une absence de règles sur plusieurs jours, semaines, mois ?
Dans cet article, on voit ensemble toutes les raisons qui peuvent expliquer un retard de règles, alors qu’on n’est pas enceinte. Et, spoiler : souvent, en fait, vos règles ne sont pas en retard du tout 😉
L'article, en bref
ToggleLes règles, c’est quoi ?
Avant de voir ensemble ce qui peut expliquer un retard de règles, voyons ensemble ce que sont les règles 🙂
La conséquence de l’ovulation
Les règles (ou menstruations) surviennent toujours au plus tard 16 jours après l’ovulation. L’ovulation se produit lorsqu’un ovule « s’extirpe » de son follicule pour être capté par la trompe utérine, afin qu’un spermatozoïde puisse éventuellement le féconder. Un ovule vit maximum 24 heures : si la fécondation n’a pas lieu dans ce délai imparti, il meurt.
Son follicule en revanche, c’est une autre histoire : il devient le corps jaune et se met à sécréter de la progestérone. Cette hormone a pour mission principale de préparer le corps, et notamment l’utérus, à la grossesse. Elle va donc transformer la muqueuse utérine, la densifier et la vasculariser : elle construit un « nid ».
S’il n’y a pas de fécondation, le corps jaune finit par s’essouffler et arrête sa production de progestérone : le « nid », l’endomètre, se détache et ce sont les règles. Le corps jaune vit maximum 16 jours après l’ovulation, ce qui explique que les règles, hors grossesse, arrivent forcément dans ce délai.
En cas de grossesse en revanche, l’embryon s’accroche à la paroi utérine environ 7 jours après l’ovulation : à partir de ce moment-là, son trophoblaste (le futur placenta) sécrète de la beta hCG, qui ordonne au corps jaune de se maintenir et de produire de la progestérone. Le « nid » est conservé, ce qui explique l’absence de règles pendant toute la grossesse.
Les règles sont donc toujours la conséquence d’une ovulation réussie ! Les autres saignements vaginaux ne sont pas des règles.
Tous les saignements ne sont pas des règles
Faisons une petite liste de tous les saignements que vous pouvez observer et qui ne sont pas des menstruations 😉
Le saignement d’ovulation se produit au moment de l’ovulation (vous vous en doutiez !) : il n’est pas grave du tout, au contraire ! Il a généralement lieu environ à la moitié du cycle menstruel.
Le spotting de nidation se produit au moment où l’embryon s’arroche à la paroi utérine, une semaine environ après l’ovulation.
Les spottings prémenstruels : ils interviennent en fin de cycle, avant les règles, quand la progestérone commence à chuter.
Le saignement de privation : quand on prend un contraceptif hormonal impliquant quelques jours de pause, on a généralement une perte de sang qui se produit sur ce laps de temps, entre deux plaquettes de pilule par exemple. Ces contraceptifs empêchant toute ovulation, ce ne sont donc pas des règles, mais des saignements de privation hormonale, simplement dûs à l’arrêt temporaire de la pilule.
Un fibrome, un kyste ou un polype peuvent provoquer des saignements.
La réaction à un nouveau moyen de contraception : il arrive, quand on change de pilule ou que l’on se fait poser un stérilet par exemple, que des saignements surviennent dans les jours qui suivent. Là encore, ce ne sont pas des règles, mais plutôt une réaction de votre corps.
Ainsi, pour faire la distinction entre les « simples » saignements et les règles, il est important de suivre son cycle pour détecter l’ovulation. Pour creuser ce sujet, on vous invite à lire notre article sur les saignements vaginaux qui ne sont pas des règles 😉 (lien)
À partir de quand peut-on parler d’un retard de règles ?
Parlons peu, parlons bien ! Qu’est-ce qu’un retard de règles ?
On estime qu’un vrai retard de règles survient lorsqu’il s’est écoulé plus de 16 jours après l’ovulation, toujours en raison de la durée de vie du corps jaune. Et oui, la phase post-ovulatoire ne dure pas forcément 14 jours ! Sa durée normale est comprise entre 11 et 16 jours.
Si on a un retard de règles de 2-3 jours, cela peut donc tout simplement s’expliquer par le fait que la durée du cycle menstruel peut varier d’un cycle à l’autre. Soit parce que la phase pré-ovulatoire a été un peu plus longue (on en parle juste après), soit parce que la phase post-ovulatoire a duré un peu plus longtemps, en raison d’un corps jaune plus « vaillant » que d’habitude (dans la limite de 16 jours après l’ovulation).
Les spécialistes s’accordent à dire qu’on peut réellement parler d’un retard de règles « lorsque les règles n’arrivent pas dans les 3 à 5 jours suivant la date prévue« . En cas de cycle irrégulier, on peut commencer à se poser des questions lorsqu’il y a un retard de règles supérieur à 7 jours.
L’absence de règles est l’un des signes précoces de grossesse
En revanche, si vos règles jouent aux abonnées absentes plus de 16 jours après l’ovulation, cela signifie probablement que le corps jaune est toujours dans la place et que vous êtes potentiellement enceinte !
On le sait toutes : le retard de règles est l’un des signes de grossesse les plus fiables 🙂 Dans ce cas, le premier réflexe à avoir est toujours de faire un test de grossesse.
On peut aussi avoir un retard de règles sans être enceinte ! 10 autres causes d’un retard de règles
Sauf que parfois, on a bien un retard de règles, mais le test de grossesse revient négatif : comment est-ce possible ?
En fait, parler de « retard de règles » est un peu un abus de langage : on devrait plutôt parler d’un retard d’ovulation ! Et ce décalage peut survenir pour des raisons diverses, souvent expliquées par notre mode de vie ou un souci de santé. En effet, si sauf exception rarissime que l’on voit juste après, la phase post-ovulatoire ne peut pas durer plus de 16 jours, la phase pré-ovulatoire peut, elle, s’étirer à l’infini.
Le stress
Le stress est un grand ennemi du cycle menstruel et l’une des causes qui expliquent les retards d’ovulation. Il peut s’agir d’un stress émotionnel négatif (la perte d’un proche, une séparation, un travail trop prenant) ou positif (la préparation d’un mariage, un voyage, un déménagement, etc.).
Si vous ressentez beaucoup de stress au quotidien et que votre cycle menstruel en pâtit, n’hésitez pas à trouver d’où il vient et comment réduire cette source de stress. Si vous ne pouvez pas l’éviter, vous pouvez essayer de trouver des solutions pour renforcer votre système nerveux afin de pouvoir y faire face 🙂
Mais, quel est le lien entre le stress et le retard de règles ? En fait, le stress peut expliquer un retard d’ovulation parce que la glande qui gère notre système hormonal, l’hypothalamus, est aussi celle qui gère notre système nerveux. Ainsi, si elle perçoit que ce dernier est trop sollicité, elle considère que ce n’est pas le moment de se reproduire !
Une prise de poids ou une perte de poids rapide, une activité physique excessive
Un régime alimentaire trop restrictif qui induirait une perte de poids trop rapide (voire un sous poids et/ou des carences) peut aussi expliquer un « retard de règles ». Et oui, le corps a besoin de ressources pour ovuler ! Dans les cas les plus sévères, le cerveau peut carrément décider de bloquer l’ovulation, jugeant que notre corps n’est pas apte à enfanter. On a dans ce cas non seulement un retard de règles, mais surtout une absence de règles.
Une prise de poids soudaine et/ou importante peut aussi perturber notre système hormonal, tout comme une activité physique excessive, qui est perçue comme un « stress » pour le cerveau.
La prise d’un progestatif
L’un des effets secondaires du stérilet hormonal par exemple est de réduire drastiquement l’abondance des règles, voire de les supprimer ! En effet, il délivre de la progestérone de synthèse en continu, ce qui bloque l’ovulation et maintient l’endomètre (c’est normalement le rôle de notre progestérone). Et, contrairement à la pilule, il n’y a pas de semaine de pause avec un DIU !
De la même manière, les traitements à base de progestérone de synthèse peuvent aussi, s’ils sont pris trop tôt, bloquer l’ovulation (qui donc n’a pas forcément lieu au 14ème jour du cycle menstruel).
Par ailleurs, la progestérone de synthèse maintient l’endomètre en place et peut donc conduire à prolonger artificiellement la phase post-ovulatoire et retarder les règles (on en parle plus bas !).
L’arrêt de la pilule (ou d’un autre contraceptif hormonal)
Après l’arrêt de la pilule, les cycles peuvent avoir du mal à reprendre de manière régulière, en tout cas au début, le temps que tout se normalise. Il est donc fréquent que l’ovulation peine à se faire en post-pilule, mais cette situation est généralement transitoire 🙂
La pré-ménopause
En pré-ménopause, le dialogue entre le cerveau et les ovaires se brouille de plus en plus, et l’ovulation se raréfie. C’est donc l’un des facteurs qui expliquent que les cycles s’allongent et que l’on peut observer un retard des règles.
L’adolescence
La puberté est également une période durant laquelle l’ovulation ne fait pas de manière très fluide : il faut le temps à la « machine » de se mettre en route, et de se caler correctement pour avoir une ovulation régulière. On estime que les cycles de la jeune femme mettent 2 ans à devenir réguliers.
Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
Les cycles irréguliers sont l’une des caractéristiques les plus fréquentes du SOPK. En effet, le syndrome des ovaires polykystiques induit très souvent des difficultés à ovuler (en raison notamment d’une LH en permanence trop élevée, mais aussi d’une trop forte présence des hormones androgènes, qui entravent l’ovulation), ce qui bloque les femmes qui en souffrent en phase pré-ovulatoire, avec, par conséquent, des cycles très longs et un « retard de règles », à cause d’une ovulation qui tarde à venir.
L’allaitement
Les mamans qui allaitent leur enfant savent à quel point leurs cycles peuvent être anarchiques en post-partum ! En fait, la prolactine, l’hormone qui permet la lactation, a pour particularité de bloquer, ou du moins d’entraver l’ovulation. C’est la raison pour laquelle l’allaitement retarde souvent le retour de couches, puis provoque ensuite un retard de règles.
À noter : le stress peut aussi faire grimper la prolactine des femmes qui ne sont pas enceintes !
Une mauvaise estimation de l’ovulation
On peut aussi constater que nos règles ne sont pas là 16 jours après l’ovulation et ne pas être enceinte, tout simplement parce qu’on a mal estimé notre ovulation, et on a en fait ovulé plus tard que ce que l’on pensait.
Nous sommes nombreuses à avoir fait par exemple confiance aux applications de suivi de cycle, qui estiment la date de notre ovulation et de nos règles : or, la « mécanique » du corps de la femme est plus fine que cela et l’application peut complètement se tromper !
Et même quand on pratique la symptothermie (qui est une méthode naturelle d’observation du cycle menstruelle basée sur la température et la glaire cervicale) depuis longtemps et qu’on a été formée, il arrive parfois de se tromper de 2-3 jours !
Une maladie
Un retard (voire une absence) de règles peut s’expliquer par une maladie, qu’elle soit bénigne comme un rhume (surtout en cas de fièvre, qui peut en plus fausser la prise de température des femmes qui pratiquent la symptothermie) ou plus sérieuse comme un trouble de la thyroïde, un kyste du corps jaune (très rare) ou un adénome à prolactine, par exemple.
Un trouble de la santé mentale comme la dépression peut aussi expliquer un retard de règles (tout comme certains traitements comme les anti-dépresseurs).
Les cas exceptionnels de « vrais » retards de règles
Vous l’avez compris, l’immense majorité du temps, le retard de règle est en fait un retard d’ovulation.
Toutefois, il existe des cas rarissimes de vrais retards de règles, où c’est bien la phase post ovulatoire qui est allongée et dure plus de 16 jours.
Le kyste du corps jaune
C’est extrêmement peu fréquent, et très peu documenté, mais il peut arriver que le corps jaune ne se résorbe pas comme il le devrait à la fin de la phase lutéale, et qu’il se trouve en kyste, qu’on appelle aussi kyste lutéal. Il continue de produire de la progestérone, et prolonge donc la phase lutéale, retardant l’arrivée des règles.
Il faut faire une échographie pour reconnaître un tel kyste du corps jaune, mais encore une fois, c’est très très rare.
Pour info, ce n’est pas la même chose que le follicule lutéinisé non rompu, qu’on appelle aussi « syndrome du follicule lutéinisé non rompu » (ou LUF en anglais pour « Luteinized Unruptured Follicle Syndrome ») qui est un phénomène un peu mystérieux lors duquel le follicule mature ne se rompt pas et ne libère donc pas son ovule.
En revanche il se transforme quand même en corps jaune et produit de la progestérone, laissant croire à une ovulation quand on pratique la symptothermie (la température monte bien). Mais la phase lutéale n’est a priori pas rallongée puisque le corps jaune va bien régresser, donc on n’est pas censé observer de retard de règles en cas de follicule lutéinisé non rompu.
La prise d’un progestatif
Par ailleurs, en cas de prise d’un progestatif pour soutenir la phase lutéale, notamment en PMA, la phase lutéale peut être artificiellement allongée du fait de l’action du progestatif. C’est la raison pour laquelle les femmes prenant un tel traitement doivent réaliser un test de grossesse 14 jours après l’ovulation, et s’il est négatif, arrêter le traitement, pour laisser venir les règles.
Il arrive que la prise de progestatif ne retarde pas l’arrivée des règles, cela peut alors signifier qu’il n’était pas suffisamment dosé.
Quels sont les symptômes d’un retard de règles ?
Un retard de règles est généralement asymptomatique, si ce n’est qu’on ne constate aucun saignement :s
À partir de quand consulter un médecin ?
On vous invite à consulter un médecin (généraliste, gynécologue, sage-femme) si vous constatez une absence de règles de plusieurs semaines, alors que vous êtes certaine de ne pas être enceinte (on insiste, mais faites toujours un test de grossesse !).
Il pourra alors investiguer pour voir avec vous ce qui peut expliquer un retard de règles, grâce à un bilan hormonal par prise de sang par exemple (oestrogènes, LH, FSH, hormones androgènes, prolactine, etc.) et en se penchant sur votre mode de vie (alimentation, stress, sport par exemple).
Le médecin diagnostiquera une aménorrhée en cas d’une absence de règles de plus de 3 mois. La ménopause, quant elle est déclarée lorsqu’il y a une absence de règles d’au moins un an !
Petite précision : le Duphaston, par exemple, ne fait pas « revenir les règles » ! Comme expliqué précédemment, le saignement qu’il provoque à l’arrêt de la prise est un saignement de privation dû à la chute hormonale. Et malheureusement, rien ne garantit que vous ovulerez au cycle suivant :s
Questions fréquentes
Comment savoir si on est enceinte si on a des cycles irréguliers ?
Il est vrai qu’en cas de cycles irréguliers, il est un peu difficile de savoir quand faire un test de grossesse. Généralement, on recommande de faire un test de grossesse 3 semaines après un rapport « à risque ».
Sinon, si vos cycles sont irréguliers, le mieux est de suivre votre ovulation grâce à la symptothermie. Pour cela, on se moque de la régularité de votre cycle menstruel, car on l’observe au jour le jour, sans calculs ou prédictions hasardeuses 😉
Peut-on tomber enceinte si on n’a plus ses règles ?
L’absence de règles équivaut à une absence d’ovulation : si elle dure depuis plus de 3 mois, vous êtes en aménorrhée. Or, si vous n’ovulez pas, la fécondation est impossible, même en cas de rapports réguliers. Donc, l’important ici est de retrouver une ovulation pour permettre une grossesse 🙂
Mais on peut bien sûr tomber enceinte si on n’a plus ses règles, car avant les premiers saignements, il y a une ovulation, et cette ovulation peut passer inaperçue si on ne suit pas son cycle. On peut donc tomber enceinte à la première ovulation après une période sans règles, et ne pas s’en rendre compte car les règles ne reviendront pas (du fait de la grossesse !).
Quelle est la longueur normale du cycle menstruel ?
La longueur normale du cycle menstruel est comprise entre 21 et 35 jours.
J’ai mes règles après un test de grossesse positif !
Si vous étiez enceinte et constatez, quelques jours plus tard, que vous perdez beaucoup de sang (avec un volume comparable aux règles), sachez que tous les saignements en début de grossesse ne sont pas liées à un arrêt de grossesse. Il faut toutefois immédiatement consulter un médecin.
Il est aussi possible que vous fassiez une fausse couche précoce. Quand elle s’arrête aussi tôt, on parle alors de grossesse biochimique.
Enfin, certaines femmes parlent d’ailleurs de règles anniversaire : en fait, il ne s’agit pas de règles, mais de « simples » saignements de début de grossesse, s’expliquant notamment par une plus grande irrigation du col de l’utérus 🙂
Vous l’aurez compris, il y a plein de raisons qui peuvent expliquer un retard de règles, en dehors de la grossesse et du test de grossesse positif ! Même quand on a des cycles a priori très réguliers, il suffit d’un élément perturbateur pour que le dialogue hormonal galère un peu et que l’ovulation arrive plus tard et donc que les règles soient, du coup, « en retard » 🙂 Et cet élément perturbateur, il peut être plus ou moins important !
Sa capacité à provoquer un retard de règles dépend de chaque femme et de chaque cycle, en fonction de ce que l’on vit à l’instant T 🙂 Ce n’est pas grave du tout : il suffit de le savoir et observer son cycle menstruel pour s’éviter un stress ou une joie inutile, en fonction de si l’on souhaite avoir un bébé ou non 🙂 Et si besoin, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin !
Qu’en pensez-vous ? Est-ce que vous comprenez mieux, à présent, pourquoi on vous disait en intro qu‘en fait, vos règles ne sont jamais en retard ? 😉
Les sources complémentaires