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SPM sous pilule

Pourquoi a-t-on parfois un SPM sous pilule ?

Les idées clés

  • Le syndrome prémenstruel (SPM) désigne l’ensemble des symptômes physiques et émotionnels qu’une femme peut ressentir avant l’arrivée de ses règles : douleurs, irritabilité, maux de tête, fringales, etc.
  • La pilule est souvent proposée parmi les traitements du SPM, car elle bloque l’ovulation et le cycle menstruel, et donc, en théorie, les symptômes du syndrome prémenstruel chez les femmes qui en souffrent.
  • Cela étant, il n’est pas rare que les femmes prenant une contraception hormonale souffrent de symptômes semblables au SPM avant leurs règles : la chute hormonale de la fin de plaquette ou un mauvais dosage de la pilule peuvent être en cause, tout comme la prise de la pilule en elle-même.
  • Il est possible de soulager le syndrome prémenstruel « naturel » ou sous pilule grâce à des méthodes basées sur l’hygiène de vie (alimentation, plantes, compléments alimentaires, etc.).
  • Quand les douleurs, les troubles de l’humeur, la fatigue et les maux de tête (pour ne citer qu’eux) sont au menu à l’approche de nos règles, on a généralement très envie de renier notre utérus et notre cycle menstruel et de les passer sous silence grâce à la pilule contraceptive.

    Si elle est très souvent l’une des solutions proposées pour camoufler le syndrome prémenstruel (SPM) (pour ne pas dire la seule), il n’est pas rare de constater que certaines femmes continuent d’en souffrir alors qu’elles prennent la pilule, ou pire, qu’elles en font les frais alors qu’elles n’en avaient pas avant !

    Comment cela est-il possible ? Pourquoi la pilule ne soulage pas toujours le syndrome prémenstruel ? On vous explique 🙂



    définition SPM

    Qu’est-ce que le SPM ?

    Avant de parler plus en détail du SPM sous pilule, prenons le temps de parler dudit SPM !

    Définition

    Les trois lettres « SPM » sont les initiales de syndrome prémenstruel : possible que vous n’en ayez jamais entendu parler, mais que pour autant, vous fassiez partie des femmes qui en souffrent tous les mois, car il est très courant. La définition du SPM reste floue et les recherches à son sujet se poursuivent. Il est donc compliqué pour les professionnels de santé d’établir un véritable diagnostic du SPM et une prise en charge adaptée.

    Néanmoins, ce que l’on peut dire, c’est que les femmes qui souffrent de SPM ressentent généralement un mal-être émotionnel et/ou physique avant leurs règles, qui revient systématiquement en fin de cycle menstruel et qui a clairement un lien avec leurs hormones. Le SPM a aussi pour particularité de s’envoler aussitôt que les menstruations commencent !

    Les études sont toujours en cours pour savoir quelles seraient les causes du SPM, mais un déséquilibre hormonal semble en être à l’origine. En effet, après l’ovulation, la progestérone est censée prendre le pas sur les œstrogènes, qui sont plutôt les hormones de la phase pré-ovulatoire. Or, il n’est pas rare que les femmes souffrent d’une insuffisance en progestérone en deuxième partie de cycle, ce qui peut expliquer, au moins en partie, la présence d’un SPM. On peut aussi penser que la chute hormonale de la fin du cycle vient également perturber le cerveau (et notamment la production de neurotransmetteurs apaisants) qui se comporte alors comme un junkie en manque d’hormones et passe par une phase chaotique de sevrage.

    D’autres pistes émergent, telles qu’une carence en sérotonine et en endorphines, ou encore un climat inflammatoire propice au SPM.

    Symptômes

    Le SPM regroupe tous les symptômes physiques et psychologiques désagréables que l’on peut ressentir avant l’arrivée des règles, tels que les crampes utérines, les troubles de l’humeur, les migraines hormonales, les envies irrépressibles de manger, la fatigue, les insomnies, la rétention d’eau, etc. Pas moins de 150 symptômes sont associés au syndrome prémenstruel et il y a autant de SPM que de femmes.

    Lorsque les symptômes psychologiques du SPM sont très marqués et empêchent la pratique d’activités quotidiennes classiques, on parle de TDPM ou trouble dysphorique prémenstruel. Une fois le diagnostic posé, le médecin propose alors généralement la prise d’une pilule en continu et/ou des anti-dépresseurs.

    Pour en savoir plus sur le syndrome prémenstruel et le TDPM, n’hésitez pas à consulter notre article dédié 🙂


    cycle menstruel et contraception hormonale

    L’action de la pilule contraceptive sur le cycle menstruel

    Maintenant qu’on a vu en quoi consistait le SPM, voyons comment la pilule impact le cycle féminin !

    Les phases du cycle menstruel naturel, sans prise d’hormones de synthèse

    Quand on ne prend pas d’hormones de synthèse, le cycle menstruel se découpe en 4 phases :

    • Les règles, durant lesquelles la muqueuse utérine se détache, parce que l’ovule n’a pas été fécondé au cycle précédent. Les hormones féminines sont au plus bas, mais le cerveau prépare le terrain pour la prochaine ovulation : il envoie un peu de FSH aux ovaires, afin de réveiller les follicules ovariens pour le cycle qui débute.

    • La phase pré-ovulatoire : la sécrétion de FSH est croissante, tout comme celle des œstrogènes produits par les follicules qui maturent. L’un d’eux prend l’avantage sur les autres, et mature plus vite : c’est le follicule de De Graaf.

    • L’ovulation : le follicule dominant est mûr et sécrète plein d’œstrogènes. Pour permettre l’ovulation, le cerveau sécrète alors de la LH : 16 heures après environ, le follicule libère son ovule, qui est happé par la trompe utérine.

    • La phase post-ovulatoire : le follicule vide, devenu le corps jaune, sécrète de la progestérone. Cette hormone a pour but de maintenir une grossesse et, en l’absence de fécondation, le corps jaune meurt au bout de 16 jours maximum. La production de progestérone suit une évolution en cloche : elle augmente progressivement sur les 7 jours suivant l’ovulation, avant de décroître. La chute hormonale provoque le détachement de l’endomètre et les règles reviennent.

    C’est cette phase post-ovulatoire, et plus précisément la fin de cette phase, qui est concernée par le SPM et qui peut être très difficile à vivre pour certaines femmes. Les symptômes du SPM peuvent survenir seulement 2-3 jours avant les règles ou débuter dès l’ovulation passée.

    blocage ovulation

    La pilule bloque le cycle menstruel et l’ovulation

    La pilule contraceptive agit sur le déroulé du cycle menstruel, en mimant un état de grossesse. En effet, la prise quotidienne d’oestrogènes et de progestérone de synthèse bloque l’ovulation : c’est d’ailleurs pourquoi, très souvent, les médecins et gynécologues prescrivent la pilule aux femmes qui souffrent de SPM. Sans cycle, sans ovulation et sans hormones, on peut se dire que le syndrome prémenstruel ne peut pas survenir, n’est-ce pas ?

    Sauf que oui… mais non ! En effet, certaines femmes continuent de souffrir avant leurs règles, même sous pilule contraceptive. Mais pourquoi ?!


    SPM

    Les 4 raisons qui peuvent expliquer qu’on souffre de SPM sous pilule

    Privation hormonale

    Comme expliqué précédemment, la chute hormonale de la fin du cycle peut être très compliquée à gérer pour le cerveau : les neurotransmetteurs comme la dopamine et la sérotonine sont en berne, ce qui peut nous rendre plus émotives, irritables, sujettes aux fringales et plus sensibles à la douleur causée par les contractions utérines.

    Or, cette privation hormonale est également présente lorsque l’on prend la pilule, pendant la pause entre les deux plaquettes ou la prise des comprimés placebo ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il peut être recommandé à certaines femmes de prendre la pilule en continu.

    Certaines pilules n’empêchent pas l’ovulation

    Par ailleurs, si certaines femmes subissent les symptômes du SPM alors qu’elles prennent la pilule, c’est parce qu’en fait, elles continuent d’ovuler !

    Une pilule contraceptive pas assez dosée

    Il arrive parfois que les pilules contraceptives ne soient pas suffisamment dosées pour empêcher le dialogue hormonal entre le cerveau et les ovaires menant à l’ovulation. En effet, certaines femmes sont plus sensibles que d’autres à ces oscillations hormonales !

    Les adolescentes peuvent par exemple être très fertiles et les pilules contraceptives micro dosées ne sont pas forcément complètement efficaces.

    Demandez toujours conseil à votre médecin pour choisir la pilule la plus adaptée à votre situation.

    Les pilules micro-progestatives ne bloquent pas l’ovulation

    Les pilules micro-progestatives (également appelées pilules progestatives) n’empêchent pas systématiquement l’ovulation. Ces pilules contiennent uniquement un progestatif à faible dose et fonctionnent différemment des pilules combinées, composées d’oestrogènes et de progestérone de synthèse.

    Ces pilules agissent principalement en modifiant la glaire cervicale et l’endomètre pour empêcher la fécondation et la nidation. L’inhibition de l’ovulation n’est pas leur mode d’action principal !

    Cérazette et Microval sont des exemples de pilules contraceptives progestatives 🙂

    La prise irrégulière ou oubli de pilule

    Un oubli de pilule ou sa prise irrégulière peuvent permettre à l’ovulation de reprendre, d’où l’importance d’être très rigoureuse :s

    D’autres éléments peuvent également réduire l’effet de la pilule : une maladie provoquant des vomissements ou de la diarrhée, ou bien des interactions avec certaines plantes et médicaments.

    effets secondaires pilule

    Des effets secondaires de la pilule contraceptive

    On pense parfois résoudre le syndrome prémenstruel grâce à la pilule, mais cette dernière peut provoquer un SPM, ou du moins des symptômes tout à fait similaires ! En effet, la réponse individuelle aux hormones synthétiques peut varier selon les femmes, entraînant des effets secondaires ressemblant au SPM chez certaines utilisatrices.

    Et c’est ainsi que certains effets indésirables courants de la pilule, comme les nausées, la prise de poids, la mauvaise humeur ou les changements d’humeur et l’ irritabilité peuvent être confondus avec des symptômes de SPM.

    Certaines études suggèrent que la prise d’une contraception hormonale peut augmenter le risque de dépression, et peut aussi rendre les femmes plus réactives physiologiquement au stress, ce qui peut exacerber les symptômes du syndrome prémenstruel. Les migraines hormonales peuvent également être causées par la prise de la pilule.

    L’hygiène de vie et des sensibilités individuelles

    Enfin, la prise d’une pilule ne résout pas forcément l’entièreté du problème posé par le SPM et l’hygiène de vie a également tout un rôle à jouer.

    En effet, le stress prolongé peut, par exemple, aggraver les symptômes prémenstruels. De même, des carences en micronutriments (vitamine B6, magnésium, etc.) peuvent accentuer les troubles de l’humeur et les douleurs utérines, par exemple. La pilule vient d’ailleurs « piller » les réserves en micronutriments.

    De plus, la consommation de tabac, d’alcool et de caféine peut tout à fait accentuer les symptômes du SPM.

    Les hormones de synthèse ne sont pas comparables à nos hormones naturelles

    Les oestrogènes et la progestérone que l’on sécrète lors d’un cycle naturel ont des vertus reconnues sur le corps et le système nerveux. La progestérone naturelle par exemple, a un effet très apaisant sur les muscles et la sphère émotionnelle après l’ovulation, ce qui n’est pas du tout le cas de la progestérone de synthèse contenue dans la pilule !

    On comprend ainsi mieux pourquoi la pilule peut parfois provoquer des douleurs utérines et des troubles de l’humeur : elle bloque la sécrétion de nos hormones naturelles censées contrecarrer ces effets indésirables !


    traitements SPM sous pilule

    Comment soulager le SPM sous pilule ?

    Face à ce constat, on peut avoir besoin de solutions pour soulager son syndrome prémenstruel quand on prend déjà la pilule 🙂

    La première piste serait de changer de pilule contraceptive, voire de contraception : en effet, comme le SPM sous cycle naturel n’est pas ni normal ni une fatalité, le SPM sous pilule non plus (et même encore moins) ! Si une pilule vous provoque trop d’effets secondaires, il est important d’en parler avec votre médecin pour ajuster le dosage des hormones qu’elle contient, ou voir avec lui si une autre contraception, hormonale ou non, vous conviendrait mieux.

    Par ailleurs, sachez que des solutions naturelles existent pour apaiser le syndrome prémenstruel, en grande partie basées sur l’hygiène de vie :

    • Avoir une alimentation riche et variée, qui fait la part belle aux légumes, aux bons gras, aux protéines

    • Intégrer des micro-nutriments « alliés » sous forme de compléments alimentaires comme le magnésium, la vitamine B6, la vitamine D ou les omégas 3

    • Prendre soin de son sommeil et pratiquer des exercices de respiration et de relaxation tout au long du cycle

    • Pratiquer une activité physique, adaptée à votre niveau d’énergie.

    Entre autres ! Si vous souhaitez creuser ces pistes, on les explore (et bien d’autres !) avec vous dans le Moody Club, notre programme pour apaiser son cycle menstruel et son SPM 😉


    questions fréquentes

    Questions fréquentes

    Comme on l’a vu ensemble, oui et non !

    Si elle est très souvent prescrite pour stopper le SPM en bloquant le cycle, elle peut aussi provoquer des effets secondaires comparables à ce dernier. Elle n’est également pas toujours efficace pour bloquer l’ovulation et les hormones de synthèse n’ont pas les effets bénéfiques des hormones naturelles sur notre corps.

    Il est également important de garder en tête que la pilule ne traite pas le SPM à sa source et ne guérit rien : elle bloque le cycle et masque les symptômes. A l’arrêt de la pilule, le SPM revient, et parfois plus fort !

    Heureusement des solutions, souvent naturelles et basées sur l’hygiène de vie, existent 🙂

    En réalité, il n’y a pas une hormone qui provoque les symptômes prémenstruels, mais souvent un déséquilibre entre les oestrogènes et la progestérone après l’ovulation. Souvent les oestrogènes sont présents en trop grande quantité par rapport à la progestérone :

    • Soit les oestrogènes sont trop hauts, tandis que la progestérone est dans les normes (hyperoestrogénie vraie).

    • Soit les oestrogènes sont OK, mais la progestérone est trop basse (on parle d’hyperoestrogénie relative).

    Pour faire le point, on peut réaliser un bilan hormonal 7 jours après l’ovulation (ovulation validée avec la glaire cervicale et la température) pour doser les oestrogènes et la progestérone (lorsqu’on est sous cycle naturel).

    La chute hormonale de la fin de cycle (des oestrogènes et de la progestérone) peut aussi être la source du syndrome prémenstruel.


    pilule

    On espère que vous vous y voyez désormais plus clair sur les raisons qui peuvent expliquer le SPM sous pilule, qui est plus fréquent qu’on ne le pense et ce, pour plein de raisons : une pilule pas assez dosée ou mal prise ou, tout simplement, des effets secondaires totalement liés à cette prise de pilule !

    Si la contraception hormonale peut parfois être un soutien bienvenu lorsque le SPM est trop violent, elle n’est néanmoins pas une panacée, ni un « médicament miracle » pour soigner le syndrome prémenstruel. Il peut alors être intéressant, en parallèle, de creuser les causes de ce trouble du cycle, qui n’est, encore une fois, pas physiologique et qui peut largement être apaisé en réajustant son hygiène de vie.

    Qu’en pensez-vous ? Est-ce que vous souffrez vous-même de SPM sous pilule ? Si vous avez des questions ou des remarques à ce sujet, n’hésitez pas 🙂

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    Auteur/autrice de l’image

    Émancipées redonne aux femmes le contrôle sur leur cycle menstruel.

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