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contraception masculine

Contraception masculine : le point sur les méthodes existantes et celles à venir

Les idées clés

  • Les méthodes de contraception masculine généralement proposées sont le préservatif masculin, le retrait et la stérilisation à visée contraceptive, aka la vasectomie.
  • Le préservatif masculin et le retrait ne sont pas des méthodes reconnues comme très efficaces, tandis que la vasectomie est une méthode contraceptive considérée comme définitive.
  • D’autres moyens de contraception sont à l’étude, qu’il s’agisse d’une pilule contraceptive masculine (sur le même modèle que la pilule contraceptive féminine) ou de traitements venant bloquer la production des spermatozoïdes. Les méthodes thermiques, comme le slip chauffant ou l’anneau thermique, sont également des pistes explorées.
  • Généralement, quand on parle de contraception, on s’adresse principalement aux femmes : en effet, ce sont les femmes qui sont en première ligne en cas de grossesse non désirée ! Donc, très souvent, dans un couple, la femme prend la pilule (ou un autre moyen de contraception) et l’homme reste un peu passif sur cette question. Pourtant, outre la charge mentale que cela peut engendrer (devoir penser à prendre son comprimé tous les jours, par exemple), les contraceptifs féminins ne sont pas dénués d’effets secondaires sur la santé hormonale et générale. On peut donc se retrouver un peu démunie lorsqu’on a envie d’arrêter sa contraception pour ne plus avoir à les subir, sans savoir quelles solutions s’offrent à notre partenaire pour qu’il puisse prendre le relais.

    La bonne nouvelle, c’est que des méthodes de contraception masculine existent bel et bien, telles que le préservatif masculin, le retrait ou encore la vasectomie ! D’autres, comme la fameuse « pilule masculine », sont l’objet de recherches et d’essais cliniques, afin d’être proposées aux hommes qui ne veulent pas concevoir à l’avenir. D’autres méthodes naturelles, comme l’anneau thermique ou le slip chauffant, sont également prometteuses !

    Dans cet article, nous allons décrypter chacune de ces méthodes de contraception masculine, afin que vous puissiez, comme pour la contraception féminine, avoir toutes les cartes en main pour faire vos choix en toute conscience 🙂



    Spermatozoïdes et fertilité masculine

    Avant de nous lancer dans l’explication des différents moyens de contraception mis à la disposition des hommes, faisons un tour du côté de leur physiologie et de leur fertilité 🙂

    Une fertilité permanente

    Il se trouve tout d’abord que les hommes sont fertiles 365 jours par an, à la différence des femmes qui, elles, ne peuvent concevoir que 5-6 jours par cycle menstruel : le jour de leur ovulation (qui correspond à l’expulsion de l’ovule, qui doit être fécondé dans les 12 heures qui suivent avant de mourir), et environ 5 jours avant l’ovulation, grâce à la glaire cervicale qui maintient les spermatozoïdes en vie dans le vagin.

    fertilité masculine

    Les hommes quant à eux, produisent des spermatozoïdes de leur puberté jusqu’à leur mort, de manière continue, au rythme de 1500 spermatozoïdes par seconde environ ! En effet, contrairement aux femmes qui naissent avec leur stock d’ovocytes (stock qui arrive à épuisement au moment de la ménopause), les hommes produisent des gamètes tout au long de leur vie (même si leur quantité et leur qualité baissent avec l’âge).

    La spermatogénèse

    Comment se déroule la fabrication des spermatozoïdes ? Comme chez la femme, tout démarre dans le cerveau, puisque l’hypophyse envoie de la LH et de la FSH aux testicules, pour les stimuler. En réponse, ils vont alors sécréter de la testostérone, responsable de la maturation des spermatozoïdes, qui se déroule en 4 phases :

    • Au premier stade, les gamètes mâles sont des spermatogonies : ce sont des cellules souches en dormance jusqu’à la puberté.

    • Ensuite, au deuxième stade, les gamètes deviennent des spermatocytes de premier ordre. Ils vont se diviser en deux cellules strictement identiques : l’un des spermatcytes va poursuivre le process de développement, quand l’autre sera gardé en stock.

    • Au troisième stade, les spermatocytes de premier ordre subissent une deuxième division cellulaire, pour devenir des spermatocytes de deuxième ordre. Chacun des spermatocytes de deuxième ordre contient la moitié du patrimoine génétique.

    • Une autre division cellulaire permet aux spermatocytes de type 2 de devenir des spermatides : on passe de 2 cellules à 4 cellules, de deux spermatocytes à 4 spermatides.

    • Enfin, au dernier stade, le spermatide devient spermatozoïde en acquérant une tête, un corps et un flagelle.

    spermatogénèse

    Tout ce processus, de l’éveil de la spermatogonie à la finalisation du spermatozoïde, prend environ 3 mois (74 jours environ, pour être plus précis).

    Tout ceci se passe dans les tubes séminifères, à l’intérieur des testicules : plus la division cellulaire est avancée, plus les spermatozoïdes se rapprochent du centre du tube. Lorsqu’ils sont complètement formés, ils se détachent du tube et sont expulsés vers l’épididyme (un tube qui relie les testicules et le canal déférent) par des contractions du testicule, pour être stockés et finir leur maturation. Ainsi, une fois fabriqués, au bout de 60 jours, ils restent encore 14 jours dans l’épididyme pour les “peaufiner” et les rendre plus aptes que jamais à la fécondation !


    Les méthodes de contraception masculine disponibles

    Ces bases étant posées, voyons ensemble quels sont les moyens de contraception masculine disponibles ! Comme vous allez pouvoir le constater, le choix est plus restreint que chez les femmes, essentiellement parce qu’aucune contraception hormonale ne leur est proposée à ce jour.

    préservatif masculin

    Le préservatif masculin

    On connaît tous le préservatif masculin, notamment parce qu’il s’agit de la seule méthode contraceptive à protéger des infections sexuellement transmissibles.

    Concernant son taux de fiabilité pratique, il est de 85% : pourquoi parler de fiabilité « pratique » ? Il se trouve que pour évaluer l’efficacité d’un moyen de contraception, féminine ou masculine, on se base sur l’Indice de Pearl : cet indice, nous donne, sur 100 personnes utilisant un moyen de contraception donné, combien d’entre elles ont tout de même conçu un enfant au cours de l’année écoulée.

    La subtilité, c’est que cet indice de Pearl a l’intelligence de distinguer :

    • L’efficacité théorique d’un moyen de contraception, quand il est utilisé dans des conditions absolument parfaites de laboratoire

    • Mais aussi son efficacité pratique, en prenant en compte la manière dont il est utilisé dans la « vraie vie », avec toutes les erreurs et tous les aléas possibles.

    Ainsi, en pratique, sur 100 couples ayant utilisé un préservatif masculin dans l’année, 15 d’entre eux ont vécu une grossesse non prévue (ce qui est loin d’être négligeable). En effet, le préservatif peut glisser ou se craquer durant le rapport, par exemple, ce qui permet aux spermatozoïdes de se frayer un chemin jusqu’à l’ovule si la femme est dans sa période de fertilité !

    retrait

    Le retrait

    Le retrait ou « coitus interruptus » est une méthode de contraception masculine assez répandue : elle consiste tout simplement pour l’homme à se retirer avant l’éjaculation, pour éviter que les spermatozoïdes ne puisse entrer en contact avec l’ovule, si ovule il y a.

    Le problème, c’est que cette méthode n’a rien de réellement efficace : en effet, son taux d’efficacité pratique n’est que de 78% ! Pourquoi ? Les raisons sont multiples :

    • Il peut être délicat pour un homme de se retirer à temps.

    • Les spermatozoïdes n’ont pas besoin d’être déposés tout au fond du vagin pour aller féconder l’ovule : même s’ils sont seulement présents au niveau de la vulve, ils peuvent nager jusqu’au col de l’utérus. Ils sont littéralement faits pour ça (grâce à leur flagelle) et la glaire cervicale peut aussi les y aider si la femme est en période fertile.

    • Des spermatozoïdes peuvent aussi être présents dans le liquide pré-séminal, qui est le liquide d’excitation sexuelle sécrété par les hommes dès le début d’un rapport. Il y en a moins que dans le sperme, certes, mais il suffit d’un spermatozoïde pour féconder l’ovule !

    La méthode du retrait est donc plutôt réservée aux couples qui ne sont pas contre une grossesse imprévue 🙂

    vasectomie

    La vasectomie

    Bien qu’elle existe depuis les années 20 (mais elle est légale en France depuis 2001 seulement), la vasectomie est une méthode de contraception masculine dont on entend de plus en plus parler ! Il s’agit d’une stérilisation à visée contraceptive : cette intervention, assez rapide et très souvent réalisée sous anesthésie locale (plus rarement sous anesthésie générale), consiste à bloquer ou couper les canaux déférents, afin que les spermatozoïdes ne puissent pas rejoindre le pénis et être éjectés par l’urètre lors de l’éjaculation.

    Il faut préciser que les spermatozoïdes sont bien toujours produits, mais on bloque leur passage dans le liquide séminal. Au bout d’un moment, les spermatozoïdes finissent par s’auto-détruire et ne s’accumulent pas dans les testicules.

    De plus, l’homme continue bien à éjaculer, mais son sperme ne contient aucun spermatozoïde : un spermogramme est d’ailleurs réalisé trois mois après l’intervention (puisqu’il s’agit du délai pour fabriquer des spermatozoïdes complets, souvenez-vous) pour s’assurer que la vasectomie a bien fonctionné. Le volume d’éjaculat n’est pas impacté, car le sperme est surtout composé de liquide séminal et les spermatozoïdes n’en représentent qu’une petite partie (moins de 1%).

    Cette méthode de contraception masculine est la plus fiable à ce jour, avec une efficacité théorique comme pratique de 99,8%. Néanmoins, il ne faut pas oublier qu’elle est considérée comme définitive : en effet, si en théorie, on peut rétablir les canaux déférents, en pratique, l’opération est délicate et ne se solde pas forcément par une réussite. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle en France, seuls les hommes majeurs y ont accès, après un délai de réflexion de 4 mois suivant la première visite chez l’urologue. Chez la femme, son équivalent est la ligature des trompes.

    Si vous voulez en savoir davantage sur la vasectomie, n’hésitez pas à regarder ou écouter notre épisode de podcast La vasectomie en 10 idées reçues, réalisée avec l’ urologue et andrologue Valentine Frydman !


    Les futures méthodes de contraception masculine ?

    Bref, vous l’aurez compris, à part des méthodes moyennement efficaces ou définitives, il est compliqué pour les hommes de choisir une méthode de contraception aussi sûre que réversible… Toutefois, la recherche et les essais cliniques avancent pour pallier cet écueil !

    pilule masculine

    La pilule masculine

    La pilule masculine est régulièrement évoquée, mais à ce jour, aucune n’est commercialisée. Pourtant, une pilule contenant des androgènes (hormones mâles) et parfois des progestatifs pour supprimer la production de spermatozoïdes a démontré son efficacité ! En effet, en réduisant la sécrétion des gonadotrophines (LH et FSH, qui sont les hormones envoyées par le cerveau aux testicules), essentielles à la spermatogenèse, ces traitements diminuent la production de spermatozoïdes à des niveaux infertiles.

    Néanmoins, elles ne sont pour le moment pas proposées sur le marché, car les autorités scientifiques estiment qu’elles ont trop d’effets secondaires sur le désir et l’équilibre hormonal masculins (ce qui est assez curieux quand on voit tous les effets indésirables subis par les femmes qui prennent la pilule contraceptive, mais passons).

    Des molécules venant bloquer la spermatogénèse

    D’autres traitements contraceptifs masculins sont également à l’étude : ces derniers n’ont pas réellement une visée hormonale, mais permettraient plutôt de bloquer la spermatogénèse à la source.

    Parmi ces traitements, on peut citer ceux visant une molécule bien particulière, la YCT529, qui est un antagoniste des récepteurs de l’acide rétinoïque, essentiel à la spermatogenèse. D’autres études se penchent sur les protéines BRDT et JAM-C, également indispensables à la fabrication des spermatozoïdes. Entre autres !

    Les études se poursuivent pour vérifier leur absence d’effets secondaires et leur réversibilité.

    Une vasectomie réversible sous forme de gel

    Afin de résoudre le souci d’irréversibilité de la vasectomie, d’autres chercheurs ont mis au point un gel venant boucher les canaux déférents, le Vasalgel : il n’empêche pas l’éjaculation, car comme la vasectomie, il empêche simplement les spermatozoïdes de rejoindre le sperme.

    Lorsque l’homme veut finalement concevoir, l’injection d’un solvant vient dissoudre le gel. Comme pour les méthodes précédemment citées, les essais cliniques sur l’homme sont encore à réaliser !

    L’anneau thermique ou slip chauffant

    Est-ce que vous savez pourquoi les testicules « pendouillent » ? Tout simplement parce que, comme nous l’expliquait Valentine Frydman dans un épisode de podcast dédié, pour pouvoir produire des spermatozoïdes, les testicules doivent être à une température légèrement inférieure à celle du corps (environ 2 à 3 degrés de moins).

    C’est la raison pour laquelle certains spécialistes ont mis en place des slips « chauffants » permettant de remonter les testicules, afin de les rapprocher du corps et de les réchauffer pour entraver la spermatogénèse. Il faudrait les porter environ 15 heures par jour pour assurer l’effet contraceptif, en adoptant un moyen de contraception complémentaire durant les trois premiers mois. Un spermogramme est recommandé au bout de ce délai imparti ensuite pour être sûr que le slip fonctionne.

    L’anneau thermique, comme l’Andro-switch, fonctionne sur le même principe : il est positionné à la base du pénis, en englobant le scrotum, de manière à remonter les testicules !

    Le slip chauffant et l’anneau thermique sont des méthodes réversibles, puisque la fertilité revient généralement au bout de 3 mois après le port d’un de ces deux dispositifs 🙂

    Là encore, les études (bien qu’encourageantes !) sont toujours en cours pour permettre leur mise sur le marché en France.

    La symptothermie

    On triche un peu avec cette dernière méthode, car elle n’est pas spécifiquement masculine, mais premièrement, la symptothermie est efficace (98,2% d’efficacité pratique) et deuxièmement, elle permet de faire reposer la charge contraceptive sur les deux membres du couple 🙂

    Comme nous le disions au début de cet article, une femme n’est fertile que quelques jours par mois : or, cette fenêtre de fertilité est détectable, grâce à deux bio-marqueurs que sont la glaire cervicale et la température. Ainsi, lorsqu’un couple ne souhaite pas concevoir, il « suffit » de pratiquer l’ abstinence sexuelle sur ces jours fertiles, ou du moins d’éviter tout rapport pénétratif.

    L’homme a donc toute sa part à jouer dans la réussite de la méthode symptothermique pour un couple, il est lui aussi acteur de cette méthode de contraception, car il doit lui aussi respecter cette période plus « slow-sex » pour éviter une grossesse non désirée. Certains couples partagent également l’accès à une application de symptothermie, pour que l’homme ait le même niveau d’information que sa partenaire concernant sa fertilité du jour 🙂


    questions fréquentes

    Pour résumer – Questions fréquentes

    À l’heure actuelle, seuls trois moyens de contraception masculine sont proposés : le préservatif masculin, le retrait et la vasectomie. Les deux premières méthodes ne sont pas très efficaces et la dernière est considérée comme irréversible :s

    Les autres méthodes sont encore à titre expérimental.

    Oui, elle existe, mais seulement à titre expérimental ! Les recherches et les essais cliniques sont encore en cours, car les autorités de santé veulent s’assurer qu’elle est totalement dénuée d’effets secondaires sur la libido, la virilité et l’équilibre hormonal masculins. Peut-être ont-ils été échaudés par les effets indésirables de la pilule contraceptive chez les femmes ? #sarcasme

    D’autres traitements, plutôt axés sur le blocage de la production des spermatozoïdes, sont également en cours d’étude.

    L’anneau contraceptif est placé à la base du pénis et a pour objectif de remonter les testicules au niveau du scrotum, afin de les réchauffer. En effet, la création des spermatozoïdes n’est possible qu’à une température d’environ 34-35 degrés, ce qui explique que les testicules soient normalement « à l’extérieur » du corps, pour garantir cette « fraîcheur ».

    L’anneau contraceptif vient donc remonter et échauffer les testicules pour entraver la spermatogénèse, à condition d’être porté environ 15 heures par jour.


    Voici notre tour d’horizon des méthodes de contraception masculine qui peuvent être utilisées par nos +1, ou qui le seront un jour ! Parfois imparfaites, elles ont néanmoins le mérite d’exister, afin de soulager la charge contraceptive des femmes 🙂 Bien sûr, cela ne nous empêche pas, en tant que femme, d’utiliser une méthode de contraception de notre côté, mais au moins chaque membre du couple fait sa part 🙂

    Quand pensez-vous ? Est-ce que dans votre couple, l’homme se pose la question de sa contraception ? Et si vous êtes vous-même un homme (on sait que vous êtes quelques-uns à nous lire !), est-ce que vous avez une méthode contraceptive, est-ce que vous vous sentez concerné par la question ? 🙂 Dites-nous tout en commentaire, on a hâte de vous lire !

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    Auteur/autrice de l’image

    Émancipées redonne aux femmes le contrôle sur leur cycle menstruel.

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