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A quoi ressemble la glaire cervicale sous pilule ?

La glaire cervicale, concept obscure mais bien connu de celles qui observent leur cycle, est généralement associée à l’ovulation : elle est en effet l’un des principaux indicateurs de l’ovulation qui approche, et c’est sur elle que repose, en partie, la symptothermie.

Or, la pilule contraceptive a (généralement) pour rôle principal de bloquer l’ovulation ou tout du moins, de faire en sorte qu’aucune grossesse ne se mette en route. 

Donc, si on suit ce raisonnement, on peut se dire que notre corps ne produit aucune glaire cervicale sous pilule, n’est-ce pas ?

Et bien, ce n’est pas si simple !  

On vous explique l’impact de la pilule sur la glaire cervicale et sur ce qui peut être observé (ou non) quand on prend des hormones de synthèse 🙂 

Qu’est-ce que la glaire cervicale ?

Entre nous, vous avez déjà probablement remarqué des pertes blanches dans votre culotte, sans trop savoir à quoi correspondaient ces sécrétions, voire en pensant que c’était un peu cracra ?

pertes glaire cervicale sur culotte

Spoiler : il est bien probable que vous soyez en très bonne santé et que ce soit… de la glaire cervicale !

La glaire cervicale est une substance produite par des glandes du col de l’utérus (et non par le vagin !), qui n’a pas tout à fait ni la même consistance, ni la même fonction au cours du cycle.

Au cours de la période fertile, avant et pendant l’ovulation, elle sert de liquide nourricier pour les spermatozoïdes et d' »ascenseur » qui les emmène jusqu’au lieu tant convoité, l’ovule.

A ce moment-là du cycle, on observe aussi un pic de désir envers son partenaire et une sensation plus humide côté vulve.

La nature est bien faite, non ? 😉

En périodes non fertiles (bien avant et après l’ovulation), la glaire cervicale forme un bouchon pâteux qui, au contraire, empêche les dits spermatozoïdes de pénétrer dans l’utérus.

glaire cervicale

La production et l’aspect de la glaire cervicale dépend en fait des oestrogènes, les hormones qui sont à la manoeuvre pour nous faire ovuler  (une information importante à retenir, qui aura toute son importance pour la suite ;)).

Pour bien tout comprendre à son sujet, RDV sur notre article complet sur la glaire cervicale !

La glaire cervicale est donc à la fois un acteur indispensable pour qu’une fécondation ait lieu, mais aussi un indice très important pour déterminer, avec précision, à quels moments s’ouvre et se referme la fenêtre de fertilité qui, pour rappel, ne dure que quelques jours chez la femme !

Les pertes observées au fond de la culotte + l’ humidité ressentie permettent ainsi de savoir, en fonction de leur consistance et de leur timing d’apparition, où l’on se trouve dans son cycle menstruel.


Comment fonctionne la pilule contraceptive ?

Avant d’aller plus loin, il est important de comprendre ce qu’est la pilule contraceptive et comment elle ajoute son “grain de sel” dans notre cycle 🙂 

Il existe différents types de pilule.

La pilule oestro-progestative

Cette pilule contient à la fois des oestrogènes et de la progestérone de synthèse.

On l’appelle aussi pilule combinée.

C’est donc un véritable perturbateur endocrinien, puisqu’en apportant des hormones synthétiques, elle a pour pour principal effet d’éteindre nos hormones naturelles et, ainsi, de bloquer l’ovulation

Comment ?

En diffusant ces hormones synthétiques de manière continue tout au long du cycle, elle va empêcher les dialogues hormonaux (et surtout le pic d’oestrogènes et de LH en période ovulatoire) nécessaires à la maturation et l’expulsion d’un ovocyte.

Sans ovulation, aucun risque de fécondation !

Les pilules micro-progestatives en continu

Ces pilules ne contiennent qu’un progestatif de synthèse et sont à prendre tout au long du cycle. Il existe deux types de pilule micro-progestative :

  • Les pilules contenant du désogestrel, qui empêchent l’ovulation, modifient l’endomètre et épaississent la glaire. Ces pilules bloquent en général aussi les règles, car l’endomètre ne se développe que très peu ;

  • Les pilules contenant du lévonorgestrel, qui ne bloquent pas l’ovulation mais agissent sur l’endomètre pour le rendre « hostile » à toute nidation. La glaire et les règles peuvent néanmoins rester présentes.


Est-ce qu’on ovule sous pilule ?

Vous l’aurez compris : la majorité du temps, sous pilule, il n’y a pas d’ovulation !

La pilule « lisse » le cycle et c’est ainsi qu’elle exerce son rôle de contraception (on vous explique juste après le fonctionnement plus précis !).

Précisons également que si on n’ovule pas, les règles ne sont pas de véritables règles : les saignements observés entre deux plaquettes de pilule combinée sont des saignements de privation, artificiellement créés pour mimer un cycle naturel.

Si vous avez besoin d’aller plus loin, n’hésitez pas à lire (ou relire) notre article concernant les règles sous pilule 😉 


Comment la pilule modifie la glaire cervicale ?

Plus précisément, la pilule a donc un impact direct sur la quantité de glaire cervicale produite et sa texture et ce, en empêchant la production des oestrogènes dans notre corps. 

En effet, le progestatif qu’elle contient et qui est diffusé tout au long du cycle bloque l’ovulation, quelle que soit la pilule utilisée (oestroprogestative ou progestative uniquement). 

Lorsque le cycle se déroule de manière naturelle, la progestérone est sécrétée seulement après l’ovulation, par le corps jaune.

Toujours dans un cycle sans hormones de synthèse, la progestérone naturelle exerce un rétrocontrôle négatif sur le grand chef d’orchestre de notre système endocrinien, aka l’hypothalamus : il ne sécrète alors plus de GnRH, l’hormone qui elle, enclenche la production de LH et de FSH du côté de son sous-chef, l’hypophyse.

Ca parait un peu compliqué dit comme ça, mais en gros le rôle de la progestérone est de bloquer le cerveau pendant 2 semaines environ.

La progestérone joue ainsi son rôle : empêcher une seconde ovulation et protéger la grossesse en cours.

S’il n’y a pas eu fécondation, le corps jaune régresse, le taux de progestérone chute, les règles surviennent et le cycle recommence. 

Sous pilule, la progestérone de synthèse est présente tout au long du cycle : l’hypothalamus croit donc que l’ovulation est passée et qu’il ne faut pas stimuler les ovaires.

La femme est comme bloquée dans une longue phase lutéale, dans un faux état de grossesse.

Les ovaires n’étant pas stimulés par le cerveau, les oestrogènes, de leur côté, sont aux abonnés absents. Pas d’oestrogènes = pas d’ovulation, mais aussi pas de glaire cervicale !

En effet sous pilule, du fait que les oestrogènes sont peu présents, la glaire cervicale ne devient jamais filante et translucide ! 

En plus, la pilule a tendance à épaissir la glaire cervicale, qui va former un bouchon hermétique au fond du vagin, au maillage très resserré tout au long du cycle.

Double effet kiss-cool (pas de production de glaire + épaississement du peu de glaire éventuellement présente), ce qui amenuise encore les risques de tomber enceinte !


Y a-t-il un intérêt à observer sa glaire cervicale sous pilule ?

Observer sa glaire cervicale en prenant la pilule, c’est comme manger un hot-dog sans saucisse…Ca n’a pas grand intérêt !

Et oui, sans oestrogènes, la glaire ne prend en principe jamais l’aspect blanc d’oeuf si caractéristique de la période fertile. 

Pour pouvoir observer sa glaire cervicale, vous l’avez compris, il faut que le cycle se déroule de manière naturelle, sans contraceptif hormonal venant perturber nos sécrétions.

Les hormones sont libres d’osciller au gré des phases naturelles du cycle et la glaire cervicale en est alors un fidèle reflet 🙂

Ceci étant dit, certaines femmes voient quand même de la glaire cervicale même en étant sous pilule.

Dans ce cas 2 options : 

  • Soit elles ont une pilule avec laquelle elles continuent d’ovuler, et qui n’agit que sur l’endomètre (rare mais ça existe)

  • Soit elles ont bien un cycle bloqué mais tout de même quelques fluctuations hormonales qui entraînent une petite sécrétion de glaire.

Et dans tous les cas, on a des pertes blanches même sous pilule. 

Ce qu’on appelle “pertes blanches” est différent de la glaire cervicale.

Il s’agit de pertes vaginales, et plus précisément de cellules qui se desquament naturellement, comme partout sur notre corps ! 

Ces pertes sont plus sèches et/ou collantes que la glaire, et on peut en observer sur tout le cycle, même sous pilule évidemment.

En revanche la glaire, qui est produite par le col de l’utérus (pas le vagin vous l’avez compris) et qui devient de plus en plus humide et lubrifiée à mesure que les oestrogènes s’activent, elle, n’est en revanche pas présente sous pilule. Elle est néanmoins présente si on prend un contraceptif non hormonal et on peut observer sa glaire cervicale avec un stérilet au cuivre, par exemple 🙂

Questions fréquentes :

Est-il normal de ne pas avoir de glaire cervicale sous pilule ?

Oui, vous l’avez compris, il est tout à fait normal de ne pas avoir de glaire en cas de prise de pilule, puisque la sécrétion d’oestrogènes naturels est entravée. Un autre signe des oestrogènes en berne ? Une sensation de sécheresse au niveau du vagin et de la vulve, et une perte de libido. En revanche, on peut observer d’autres pertes vaginales, qui n’ont rien à voir avec le cycle.

La pilule contraceptive peut-elle provoquer une production excessive de glaire cervicale ?

Généralement non, puisque la sécrétion d’oestrogènes, dont dépend la production de glaire cervicale, est très faible. Si c’est le cas, il est conseillé d’en parler avec un médecin.

Comment puis-je savoir si ma glaire cervicale est normale sous pilule ?

Il vous suffit de l’observer 🙂 Sous pilule, votre glaire est généralement peu présente ou dotée d’une consistance pâteuse, sèche, qui « casse » entre les deux doigts.

Est-il possible de tomber enceinte si je prends la pilule contraceptive et que je vois de la glaire cervicale ?

Tout dépend de la consistance de la glaire : si celle-ci est cassante et pâteuse, les spermatos ne vont pas pouvoir remonter jusqu’à l’utérus et le risque de grossesse est faible. En revanche, en cas d’oubli de pilule notamment, si la glaire observée change d’aspect et devient laiteuse, voire filante, glissante et translucide, c’est effectivement un signe naturel de fertilité (l’ovulation pouvant se lancer avec un simple oubli de pilule).

Conclusion

Vous l’aurez compris : la pilule vient complètement perturber le cycle hormonal naturel et tous les signes de fertilité associés, dont la précieuse glaire cervicale.

On peut observer des pertes blanches sous pilule, mais a priori pas de glaire filante et glissante, car elle est propre à l’ovulation celle-ci !

La pilule est un mode de contraception qui met le cycle au repos, contrairement aux techniques de planification familiale naturelle et d’observation du cycle telles que la symptothermie, qui reposent sur l’observation du cycle, et de la glaire (justement !!), pour déterminer sa fenêtre de fertilité avec précision et…choisir d’avoir ou non des rapports avec son partenaire 😉

Qu’en dites-vous ? Saviez-vous que la pilule avait un impact sur la glaire cervicale ?

Les commentaires sont ouverts, n’hésitez pas à nous donner votre avis et à nous poser vos questions !

2 réflexions au sujet de “A quoi ressemble la glaire cervicale sous pilule ?”

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Auteur/autrice de l’image

Émancipées redonne aux femmes le contrôle sur leur cycle menstruel.

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