Pilule en continu : peut-on supprimer ses règles ?
Pour une grande majorité des femmes, l’arrivée des règles chaque mois est loin d’être un moment de bonheur : certaines la vivent comme un fardeau, d’autre comme un mal nécessaire, certaines comme un soulagement et d’autres comme le triste verdict qu’elles ne sont pas enceinte.
Quoi qu’il en soit, il est rare d’entendre en soirée une femme dire qu’elle adore voir débarquer ses menstruations !
Pourtant, pour les femmes qui ont fait le choix de prendre un contraceptif hormonal, les règles sont, mécaniquement, supprimées. Les saignements observés, appelés hémorragie de privation, sont artificiels et pourraient complètement être évités. C’est ce qui se passe lorsqu’on prend une pilule en continu.
Mais cela est-il possible sur le long terme, sans compromettre sa fertilité ? Le fait de ne plus avoir ses règles représente-t’il un danger pour la santé ? Notre corps sera-t’il encrassé sans cette “purification” cyclique ?
On vous explique tout ce qu’il faut savoir sur le concept de pilule en continu et son impact sur votre cycle et, plus globalement, sur votre santé.

Les saignements sous pilule, des fausses règles
Des saignements artificiellement créés
Les règles sont un processus naturel et physiologique qui est la conséquence d’une ovulation réussie et d’une absence de fécondation. Autrement dit, pour avoir ses règles, il faut :
- Ovuler naturellement
- Ne pas avoir eu de rapport sexuel non protégé ayant conduit à une fécondation pendant cette fenêtre de fertilité
Sous ces conditions, 14 jours environ après l’ovulation, le corps élimine le nid qu’il avait créé dans l’utérus (sur sa paroi appelée l’endomètre) pour recevoir l’éventuel embryon, donnant lieu aux règles.
Avec une contraception hormonale, c’est-à-dire une pilule mais aussi un implant, une patch, une injection ou un anneau vaginal, ce processus n’a pas lieu car l’ovulation est bloquée.
Les saignements qui interviennent ne sont donc pas un détachement de l’endomètre mais à une perte de sang artificiellement provoquée par une chute d’hormones.
Une perte de sang provoquée par la privation hormonale
La plupart des contraceptifs hormonaux ne délivrent pas leurs hormones de synthèse en continu.
Ils créent un cycle artificiel de 28 jours avec une alternance entre une période où le corps reçoit des hormones (pendant 21 jours pour la plupart des pilules, voire 24 jours) et une période où il n’y a pas d’hormone : dans ce cas, soit on continue la plaquette et on prend alors des comprimés placebo pendant les 7 (ou 4) derniers jours, soit on arrête sa plaquette et on en reprend une nouvelle 7 (ou 4) jours plus tard.
C’est pendant cette période de privation que le corps réagit et qu’il saigne légèrement, du fait de la chute brutale d’hormones.
Mais cela n’a rien à voir avec le détachement de l’endomètre provoqué par l’absence de fécondation dans un cycle au naturel. D’ailleurs, les saignements sous pilule sont bien plus légers.

Les règles sous pilule : une invention pour rassurer les femmes (et l’Eglise !)
Mais alors, à quoi sert ce saignement de privation ? Et bien à pas grand chose ma bonne dame !
Il a été mis en place par les fondateurs de la pilule dans deux principaux objectifs :
- Rendre ce nouveau contraceptif acceptable par les femmes qui auraient été gênées de ne plus avoir leurs règles, les rassurer sur le fait qu’elles ont toujours un cycle (ce qui est pourtant faux !)
- Ne pas choquer l’Église en se rapprochant le plus possible de la Nature
Mais à l’origine, il était prévu un système de pilule en continu, bloquant à la fois l’ovulation et les règles. L’hémorragie de privation a été ajoutée “pour la com”.
Une question se pose alors légitimement : pourquoi ne pas revenir à ce principe de pilule en continu pour supprimer ces saignements inutiles ?
Le principe de pilule en continu : une idée farfelue ?
En termes médicaux, on appelle le fait de prendre la pilule en continu une “aménorrhée médicalement induite”, c’est-à-dire une absence de règles provoquée par un médicament.

A l’heure où l’on parle de plus en plus de démystifier les règles, de les vivre en pleine conscience et d’en parler haut et fort, l’idée même de chercher à les éviter peut surprendre.
D’autant plus sur ce site où l’on encourage les femmes à reprendre le contrôle de leur corps et de leur cycle, à vivre leur fertilité au naturel et à réaliser tous les bénéfices que leur apporte leurs hormones (ils sont nombreux ! contrairement aux hormones de synthèse qui, elles, sont nettement moins vertueuses…).
Pour autant, pour les femmes qui ont fait le choix d’une contraception hormonale, force est de constater que subir un saignement de privation est assez étrange, pour ne pas dire franchement aberrant.
En effet, avoir de fausses règles ou ne pas avoir de règles du tout, c’est exactement la même chose ! Le corps n’a pas besoin de se nettoyer ou de se purifier, ce n’est en aucun cas le rôle des règles.
Les règles ne sont que la conséquence de l’ovulation sans fécondation. Point barre. Elles ne nous purifient pas !
Raison pour laquelle on entend de plus en plus parler du concept de pilule en continu pour s’affranchir de la privation hormonale et, donc, du faux saignement qui l’accompagne.
Pilule en continu, les “pour” et les “contre”

Avantages
- Il permet de visualiser son cycle rapidement et aisément ;
- Il est très complet, car on peut notifier beaucoup d’observations ;
- Il est adapté à une prise buccale fiable ;
- Il a un réveil intégré ;
- Il est transportable sans effort ;
- Il conserve les données jusqu’à 12 mois et elles sont transférables sur votre ordinateur.

Inconvénients
- Il ne convient pas à toutes les femmes et si vos réveils sont fréquents ce n’est pas l’idéal ;
- L’appareil est coûteux et demande un investissement financier.
Existent-ils des risques sur le long terme à prendre la pilule en continu ?
Les études n’ont pas montré de risque particulier à prendre la pilule en continu, en tout cas pas plus qu’avec une pilule “classique” provoquant des saignements artificiels.
S’agissant du retour de la fertilité à l’arrêt de la pilule, on l’a vu, la pilule reproduit un état de grossesse simulé. Or, ne pas avoir ses règles pendant 9 mois n’est pas dangereux et ne réduit pas les chances de retomber enceinte après l’accouchement.
Autrement dit, prendre la pilule en continu n’est ni plus ni moins risqué que prendre la pilule tout court.
On parle bien sûr d’une prise de pilule non stop pendant 3 ou 4 mois, pas pendant plusieurs années. En effet, il n’y a pas eu, à notre connaissance, d’études sur les effets long terme de la prise d’une pilule sans règle.
Toutefois, l’équation est bien : pilule en continu ⇔ pilule classique.
Mais pas pilule en continu ⇔ cycle au naturel !
En effet, la pilule en continu présente les mêmes risques et effets secondaires que la pilule avec privation et n’a pas les bénéfices hormonaux d’une approche 100% naturelle du cycle.
La femme sous pilule n’ovule pas et n’a pas de vraies règles, elle n’a pas de fluctuations hormonales bénéfiques pour sa santé (et sa libido !), elle ne maîtrise pas sa fertilité elle-même, etc. Mais là n’est pas la question !

Comment prendre la pilule en continu pour ne plus avoir de règles ?
Vous l’avez compris, si votre choix est de prendre un contraceptif hormonal, vous n’êtes dans l’absolu pas tenue d’opter pour le package complet “hormones + fausses règles”, vous pouvez vous passer de l’option “saignement en fin de plaquette”.
Mais concrètement, on fait comment ?
Tout d’abord, il existe déjà des contraceptifs à prendre en continu qui stoppent les règles. C’est le cas :
- De la pilule Seasonique à prendre en continu pendant 91 jours
- Des pilules microprogestatives contenant du désogestrel
- De certains anneaux vaginaux dont l’effet inhibiteur de règles dépasse 21 jours
- De certains implants et injections contraceptifs, qui peuvent supprimer les règles pendant plusieurs années
- De certains stérilets hormonaux, qui peut aussi provoquer une longue aménorrhée
D’autres contraceptifs sont également pris en continu mais induisent quand même des règles de privation (certains implants, certains stérilets hormonaux, les patchs, les pilules progestatives).
C’est avec les pilules combinées (à base d’oestrogènes et de progestérone de synthèse), les plus couramment prescrites, que l’on peut “contourner” le saignement artificiel :
- Avec une plaquette de 28 comprimés dont 7 placebo : en ne prenant que les 21 premiers et en enchaînant avec la plaquette suivante, sans prendre les 7 derniers.
- Avec une plaquette de 21 comprimés et 7 jours d’arrêt : en ne marquant pas l’arrêt et en enchaînant directement.
Dans tous les cas, les professionnels de santé conseillent d’arrêter la pilule quelques jours tous les 3 ou 4 mois pour avoir un saignement de privation. Cela permettrait de réduire le risque de spottings.
Par ailleurs, cette technique ne fonctionne pas avec les pilules biphasiques ou triphasiques dans lesquelles le dosage des comprimés change au cours du cycle.
Et bien sûr, on ne vous conseille pas de vous lancer dans cette pratique sans en avoir préalablement parlé avec votre gynécologue !
Vous prenez déjà une pilule en continu ? On vous envisagez de le faire ? Venez nous en parler en commentaire !
4 réflexions au sujet de “Pilule en continu”
ca va maintenant faire 3 mois que j’ai commencé la pilule en continu car les anciennes que je prenais ne me convenaient plus (elles n’étaient pas en continu j’avais une semaine de pause). Je dois bientôt aller faire une prise de sang pour vérifier mes taux mais je me demandais si je pouvais continuer à prendre la pilule en continu pendant plusieurs années (comme toute sorte de pilule continu ou pas) jusqu’à ce que je décide d’essayer d’avoir un enfant. j’ai peur au niveau de la fertilité surtout mais le fait de ne plus avoir mes règles me convient très bien ! je redoute juste l’apparition d’effets secondaires ou de conséquences irréversibles…
Bonjour Elisa,
La pilule en continu a exactement le même effet que la pilule avec règles artificielles sur ton cycle. Donc aucun noeud au cerveau à se faire, si tu prends la pilule, qu’elle soit en continu ou non, c’est la même chose !
Ton cycle reviendra peut-être tout de suite ou il prendra plus de temps, mais ce n’est pas l’absence de saignements de privation qui changera ça (avec une légère nuance qui est que les règles sous pilule continuent d’entrainer l’endomètre à saigner, mais ce n’est pas un vrai critère pour justifier d’un retour plus rapide des cycles naturels après l’arrêt).
Bonjour,
Sa fait un mois et 3 semaines que je prends la pilule en continue (antigone) .JAi saigné à deux reprises pendant les deux ovulations depuis que je prends la pilule (3 à 4 jours ).j’ai saigné aussi à la fin du cycle.pendant la période de infertilité jai des douleurs qui ressemblent à des contractions.
Tout sa est _il normal? Sachant que cest la première fois de ma vie que je prend la pilule après mon deuxième accouchement.
Merci de bien vouloir me répondre.
Bonsoir Sabrine,
La pilule en continu peut provoquer des saignements (appelés des spottings), c’est d’ailleurs l’un de ses principaux défauts.
Je vous conseille d’en parler avec votre médecin mais a priori, cela n’est pas très étonnant.
Belle soirée !